Ouarzazate est situé à 1153 m d’altitude, dans une plaine
de 30 km de large séparant le Haut-Atlas
au nord (aux sommets de plus de 4000 m) de reliefs plus modestes au sud
(2500 m) : les djebels Sarhro et Ougnat à
l’est, dans le prolongement de l’Anti-Atlas
(2531 m à l’Adrar-n-Aklim) au sud-ouest. Le Jbel
Siroua (3304 m), ferme cette plaine 70 km à l’ouest d’Ouarzazate
et relie le Toubkal (4167 m) à l’Anti-Atlas,
la protégeant ainsi de l’influence de l’air océanique venant
d’Agadir par la vallée de Taroudannt.
![]() Le Haut-Atlas vu du Toubkal |
![]() Cumulus sur le Jbel Sarhro |
![]() Confluence sur l'Anti-Atlas |
![]() Le Jbel Siroua (au fond, le haut-Atlas) |
C’est donc une vaste zone qui s’offre au
vélivole : plus de 500 km au NE d’Ouarzazate, 50 km au N, 200 km
à l’W, 400 km au SW, 150 km au SE, à l’écart des zones
réglementées (Marrakech, Goulimine, Meknès). Et les
immenses étendues du Sahara au sud et à l’est, pour peu qu’un
jour la frontière avec l’Algérie s’entr’ouvre...
![]() au nord d'Er Rachidia |
![]() Cumulus sur les Haut-Plateaux à l'est |
![]() Dernières barbules à l'est (au fond, l'Atlas) |
A l’est du Jbel Ayachi le Haut-Atlas s’évanouit
peu à peu en crêtes rectilignes
qui finissent par se fondre dans de hauts-plateaux désertiques de
1500 m d’altitude vers l’Algérie. La confluence
s’y prolonge souvent, à moins qu’elle n’oblique au nord-est vers
Oujda ou plus au nord le long du Moyen-Atlas (3340 m au Jbel Bou Naceur,
région qui reste à explorer).
Selon
l’instabilité de la masse d’air, les cumulus seront cantonnés
à l’Atlas ou s’étendront sur l’Anti-Atlas, le Jbel Sarhro,
voire plus loin en plaine, parfois à perte de vue sur le Sahara
(malheureusement la frontière est encore hermétique) ; dans
ces derniers cas le haut relief sera sous les orages, mais il suffira de
les contourner au sud pour retrouver les cumulus. Le yoyo classique consistera
à partir vers le NE en s’appuyant sur l’Atlas, revenir par le Sarhro
et continuer au SW sur l’Anti-Atlas, pour faire éventuellement un
dernier point à nouveau à l’est.
L’évolution du temps, pour autant
que j’ai pu en juger, ressemble à ce qu’on observe en Espagne :
la traîne après une perturbation entraîne des cumulus
bas, vite suivis de thermiques purs, l’élévation de la température
jour après jour entraîne l’élévation des plafonds,
l’apparition de cumulus sur le relief puis généralisés,
jusqu'au prochain changement de masse d’air. Sauf qu’ici, étant
donné la hauteur du relief même les plus mauvais jours les
thermiques montent à 4000 m ! Et à 30° Nord, à
partir du mois de mai et tout l’été, on est le plus souvent
à l’abri du flux perturbé qui reste au nord ; la masse d’air
évolue donc sur place, d’ailleurs les vents sont assez faibles en
altitude à tous niveaux, généralement 5 à 20
kt jusqu’au FL 180 et plus. Par contre il passe de temps en temps de sortes
de fronts d’altitude qui se traduisent par un changement de visibilité
et des bandes plus nébuleuses liée à un accroissement
d’instabilité. Mais peut-être un météo pourrait-il
nous expliquer ces phénomènes en termes plus orthodoxes...
Pas de problème de navigation, une fois qu’on est habitué à l’aspect du relief, parfois déroutant, car la visi est généralement de plus de 100 km, mais parfois l’air se charge de sable ou de brume sèche et la réduit un peu.
En dehors de quelques vallées plus larges, l’intérieur
de l’Atlas n’est pas vachable ; ailleurs, de vastes
plaines comme celles d’Ouarzazate à Er Rachidia inspirent confiance,
mais attention, à certains endroits, près de l’Atlas en particulier,
le sol est jonché de grosses pierres (20 à 30 cm) invisibles
d’en l’air : c’est la casse assurée, sauf si on peut atterrir sur
une piste ou une route goudronnée (assez nombreuses et bien dégagées).
En tout cas, s’il on est bas, rester à proximité d’une route,
sinon, retrouver la civilisation risque d’être délicat, sans
parler du dépannage... le plus sûr est d’avoir dans le GPS
les zones vachables répertoriées et de s’y tenir.
Téléchargez un fichier Excel des points de virage et zones vachables, ou un fichier Filser .da4 (points de virage et circuits) - ou retrouvez les points sous différents formats de loggers sur le site de John Leibacher
Les aérodromes sont assez nombreux, mais peu sont encore utilisés et il ne faut pas s’y risquer sans une information récente sur leur état.
La
région du Sud marocain offre un Vol à Voile magnifique, aux
perspectives sans doute immenses, largement inexploitées à
seulement quelques heures de Paris. Il serait toutefois pour le moins léger
de ne pas attirer l’attention sur les spécificités d’une
telle aventure qui doit intégrer les difficultés naturellement
engendrées par la pratique d’un vol à voile de montagne d’une
part, et saharien d’autre part. Selon le choix du circuit il s’agira d’un
vol à voile de montagne ou de désert, mais le plus souvent
pour les grands vols à buts fixés, il s’agira des deux configurations.
Il faut donc avoir sérieusement conscience des dangers éventuels
liés à cette situation géographique particulière.
Les plafonds exceptionnels ne doivent pas faire oublier que les vaches sont aussi présentes avec tout ce que cela comporte. Au cours du stage de mai 2000, une vache s’est terminée par une casse de train, dix minutes après le largage, à moins de dix kilomètres du terrain de départ. Si les thermiques sont puissants, les « dégueulantes » le sont tout autant. Une surface à priori accueillante peut se révéler en cours de finale un vrai champ de pierres.
Ici,
la couleur rose dominante lisse complètement les perspectives et
la justesse du choix ne se fait que trop tard . C’est pourquoi les vaches,
comme dans toute zone de montagne ne peuvent se faire en sécurité
que sur des zones répertoriées et suivies régulièrement
quant au niveau de la fiabilité ; un terrain exploitable aujourd’hui
pouvant devenir inutilisable à cause de fortes pluies ayant entraîné
des ruissellements. Pour le survol des zones désertiques sahariennes,
idem le danger pouvant paraître moindre est en réalité
toujours présent voire plus car il pourrait donner l’illusion d’un
vol de plaine. Les motoplaneurs ne doivent jamais, ici encore moins qu'ailleurs,
faire l'impasse sur le local permanent d'une zone vachable ni considérer
le moteur autrement qu'un moyen éventuel de s'épargner un
long dépannage en cas de raccrochage manqué, gardant en permanence
à l'esprit l'hypothèse qu'il puisse ne pas redémarrer.
Les conditions aérologiques « musclées »
associant les plafonds exceptionnels à des thermiques puissants entraînent
dès le début d’après-midi des vents au sol de plus
de 30 kt rendant les atterrissages par vent de travers délicats,
y compris sur l’aéroport de Ouarzazate que nous avons expérimenté.
Cet emplacement est particulièrement exposé aux vents traversiers
et il arrive souvent qu'il souffle trop fort après 14 heures pour
que les décollages soient envisageables dans des conditions normales
de sécurité. En 2001 l'aménagement d'une bande
supplémentaire perpendiculaire à la piste principale
devrait faciliter les atterrissages, mais la turbulence restera aussi forte.
Une vélisurface à Tasselmante,
au pied de l'Atlas, améliorera les dégagements.
Ce type de vol à voile ne s’adresse donc qu’à des pilotes
entraînés et expérimentés. Il nécessite
une initiation sérieuse et surtout un encadrement de pilotes et
personnes confirmées connaissant bien la région et donnant
un accès à des informations permanentes régulièrement
mises à jour. Le stage de mai 2000 a révélé
certaines difficultés et notamment la précarité des
autorisations accordées. C’est ainsi que les Forces Royales Armées
ont imposé une interdiction de vol pendant deux jours au motif de
survol de zones jugées trop sensibles du fait notamment de la présence
de la frontière algérienne. Les autorités ont également
mis en avant le fait que certaines zones très inhospitalières
sont difficilement accessibles pour y organiser des dépannages ou
y lancer des secours de manière efficace. Il faut toujours prendre
en compte la défaillance possible du GPS.
Ces activités initiées de manière expérimentale
en mai 2000 sont amenées à se développer d'année
en année dans la région de Ouarzazate. Elles auront lieu
sous l’égide du Sud Atlas Vol à Voile - association créée
par les pionniers de l’expérience, Didier Chevalier et Gérard
Bocage et regroupant des pilotes confirmés et motivés par
le développement du vol à voile de grands circuits. Cette
association a pour mission en partenariat avec le C.R.V.V.A et les autorités
marocaines de faciliter l’accès de ce vol à voile de rêve
dans les meilleures conditions d’initiation, d’encadrement, d’assistance
et surtout de sécurité.