Un « Hat Trick » de 1000 km
Denis Flament avait une bonne demi-douzaine de vols de plus de 1000
km à son actif depuis dix ans, mais il n’espérait pas revenir
de son premier séjour marocain avec 4 de plus, dont 3 en 3 jours
consécutifs... Impressions de vol.
Vendredi 12 mai 2000 : lendemain de mon arrivée, je
suis le seul à voler car des cirrus sont lents à se dégager
vers l’est, et le reste de l’équipe, arrivée une semaine
plus tôt, est déjà gavée de vols... mais pour
moi c’est l’occasion de découvrir tranquillement le site. En l’air
peu après midi, Je vais donc à l’ouest admirer les neiges
du Toubkal puis une belle confluence sur l’anti-Atlas plus au sud ; les
cumulus sont à 4 100 m QNH (3000 m QFE), par endroits 4 800 m, je
me pose au bout de 6h½ et près de 800 km ; avec le recul,
c’est vrai que ce n’était pas terrible...
Samedi 13 : découverte du Haut-Atlas jusqu’au Jbel Ayachi,
dernier haut sommet 250 km à l’E-NE, en thermique pur (4000 à
4500 m) ; quelques barbules témoignent de la confluence côté
nord de la chaîne, qui s’avèrera présente quasiment
tous les jours. Le thermique pur ne gêne pas Yvon qui en bon montagnard
choisit de voler en bas des pentes, chemine comme une fusée et réussit
ses 750 avec 792 km comme prévu... A force de vouloir me hisser
au-dessus des sommets je pers du temps et devrai me contenterai de 567.
Au retour, vers 17 h, l’ombre gagne les pentes et je traverse la plaine
du Dadès verticale Boumalne dans de l’huile pour raccrocher au sud,
à 1900 m, sur le Jbel Sarhro. Je vois le Twin plus bas mais ne peux
lui indiquer la pompe, sa radio ne marche pas, il en sera quitte pour inaugurer
le terrain de Boumalne...
Dimanche 14 : décollage toujours tardif (12h30), pour changer
je longe la confluence de l’Atlas dans l’autre sens, vers l’W/SW ; passé
le Toubkal les barbules continues plein W, au nord de la crête, jusqu'au
dernier cumulus entre Imi-n-Tanoute et l’océan, à 40 km à
peine mais que je ne peux que deviner, caché sous les stratus. Je
vire à 235 km d’OZZ et reviens par le Jbel Aoulime (au N de Taroudannt).
Au retour, les nuelles au sud de l’Atlas et en plaine me paraissent bien
hautes : je gratte pour atteindre le plafond : 5900 m ! L’oxy n’est décidément
pas un luxe dans ce pays. 730 km aujourd’hui.
Un petit mille pour s’échauffer…
Lundi 15 : il serait temps de voler sérieusement, le 26 est
ballasté, décollage à 9h40, alors que les cumulus
sont présents sur les sommets depuis plus d’une heure et que la
convection démarre déjà en plaine. Le départ
n’est pas au point, mais je monte progressivement à 4000 m le long
des pentes qui donnent bien avec un peu de vent de SE, puis vise une belle
rue de cumulus à l’aplomb des premières crêtes, qui
ne donne rien. Je continue en pente sur les premières crêtes
après Tinerhir, à 2000 m. Toujours en ligne droite, à
1600 m (500 m sol) il me faut ralentir un peu, la pente ne porte plus beaucoup,
le vent a viré au SW et le soleil est quasiment au zénith
(il est 11h30). Travers Goulmima, 1700 m, je dois m’arrêter dans
une bulle pour me remonter un peu, je poursuit en thermique le long des
crêtes entre 2000 et 2500 m jusqu'à 50 km au NE d’Er Rachidia
où un cumulus me donne un bon 5 m/s que je garde jusqu'à
4 400 m. La masse d’air est maintenant très bonne et bien pavée
de 2 à 3/8 de beaux cumulus, mais des cirrus épais vers les
hauts plateaux qui prolongent l’Atlas à l’est devant moi me forcent
au demi-tour à Anoual, à 13h et à 410 km du terrain.
Retour face à 45 km/h de vent (du 210°), il faut contourner
quelques grains qui maintenant s’étalent depuis les sommets vers
le sud, mais ce n’est pas un problème avec des cumulus vers 4500
m et du 4 à 5 m/s partout ; par contre un nouveau voile, d’Altocus
celui-là, arrive par l’ouest et dessous cela devient de la survie
: J’arrive un peu trop bas (2 200 m) sous le vent du Sarhro que je ne peux
passer, et perds 20 minutes à l’ombre et dans des pompes hachées
avant de repasser les 3000 m. Devant tout est gris, il faut ramer avec
le vent mais on aperçoit encore de rares barbules ; à 16h50
je suis travers sud du terrain entre Zagora et Foum-Zguid à 2100
m, je retrouve une bonne pompe qui me permet de virer Foum-Zguid et, sur
la pointe des pieds, de rejoindre l’Atlas au nord qui donne encore en dynamique.
Dernier point de virage 45 km au nord d’OZZ histoire de faire plus de 1000
bornes... exactement 1019 km (libre), et je me pose à 18h45.
Sans ces deux voiles, on pouvait facilement faire 100 ou 200 km de mieux...
Mardi 16 : repos et tourisme, mais tout à fait volable avec
thermiques purs et la confluence habituelle.
Mercredi 17 : thermiques très turbulents sur le relief, à
nouveau du vent de sud-ouest assez fort, je m’enfarine dans la haute vallée
du Dadès (c’est incroyable comme on se sent bas à 3000 m
par ici...), de l’instabilité qui traverse la zone d’ouest en est,
une masse d’air plus calme à l’ouest du terrain avec près
de 5000 m de plafond, bon cheminement sous la rue de nuages habituelle
sur l’Anti-Atlas de Tazenakht à Tagmoute (km 200), je termine par
le mont M’Goun au NE : 870 km.
Jeudi 18 : à nouveau thermique pur et vent très fort
de travers au sol dès le début de la convection, je reste
au sol.
Mi-temps : repos forcé
Vendredi, la perturbation que nous voyions arriver depuis quelques
jours au cybercafé est là. Il pleut le soir et le lendemain
sur toute la région (pour la première fois depuis deux ans
paraît-il...). Tempête dans le même temps chez les autorités
locales mises en alerte par les militaires : selon la rumeur, que personne
ne peut nous confirmer, on aurait aperçu des planeurs survolant
une zone « sensible » (on a trouvé du pétrole
récemment dans le coin) ou s’approchant « trop près
» de la frontière de l’Algérie (avec laquelle théoriquement
le Maroc est toujours en état de guerre déclarée)
; personne ne saura nous dire en dessous de quelle distance on est «
trop près », d’ailleurs la frontière, trop incertaine,
ne figure même pas sur la carte ! On est loin de la précision
du GPS... On en profite pour visiter des kasbahs aux murs desquelles la
pluie arrache de grosses mottes de boue et marchander des tapis ; dimanche,
alors que le mauvais temps s’évacue et que la traîne arrive,
les vols reprennent pour les plus courageux ; nous allons par la route
jusqu’aux dunes de Mhamid, après les palmeraies de la vallée
du Draa et Zagora...
Lundi 22 : thermiques purs puis quelques barbules, à nouveau
très turbulent, de l’ondulette avec un vent de SW de plus de 60
kt au-dessus, du bon dynamique sur les crêtes l’après-midi
; 836 km en yoyo le long des cailloux.
Mardi 23 : matin très brumeux, sorte d’entrée maritime
avec des cumulus très tôt mais très bas ; à
10h une ligne d’averse balaie le terrain, amenant une masse d’air plus
favorable par le sud-ouest. C’est l’occasion d’aller voir là-bas
: décollage 11h15, très vite je suis en thermique pur, 3000
puis 2500 m de plafond, mais le cheminement est très bon le long
des petits reliefs qui bordent le Sahara par Tata, Akka, Assa. Les crêtes
ne dépassent guère 1000 m d’altitude (la plaine étant
ici vers 300 à 500m), mais sont rectilignes sur des centaines de
km, à peine interrompues ça et là par quelques oueds.
La face nord-ouest a un profil idéal, terminées par de belles
falaises, un léger dynamique de NW (effet de la dépression
thermique de l’Atlas ?) renforce le thermique, aussi je me risque à
descendre au niveau des crêtes pour un vol de pente « à
donf », 200 au badin ! Il faut bien économiser un peu l’oxygène,
pour une fois...
Arrivant à Assa, au km 350, la pente se perd dans un plateau,
je dois passer en plaine, un point bas à 650 m QNH (480 m sous terre,
au QFE !) me décide à faire demi-tour ; le retour par les
pentes puis la confluence de service est rapide, à l’est du terrain
je retrouve un plafond de plus de 4000 m avec des averses, au nord le relief
est accroché, un front a dû passer et le flux de nord-ouest
s’installe - 860 km.
Mercredi 24 : nuages de chapeau sur l’Atlas le matin, mais ni rotors
ni onde, le vent n’est pas assez fort. Les cumulus apparaissent en plaine
à 8h, très bas. Décollage à 9h40, il n’y a
guère plus de 1000 m sol, mais ça montera à 2 500
m (3 500 m QNH) par la suite ; cap au NE, je prend la pluie dès
le M’Goun à l’aller. Je vire au km 350, en bordure du plateau au
NE de Midelt où il y a 6/8 de Cu pas très haut et tout étalés,
on se croirait en France... au retour, je passe en front d’orage le terrain
d’Er Rachidia, l’Atlas semble bouché, mais plus au sud sur le Jbel
Ougnat j’aperçois de loin du sable qui vole sous des nuages douteux.
Monte-t-il ? Il faut bien aller voir pour en avoir le cœur net, de toute
façon, au cas où, j’ai un moteur dans le sac à dos.
En fait toute la zone a été lavée par un orage et
le sable, qu’il a dû aspirer, est en train de retomber... A 200 m
sol, 3 mn de moteur me permettront de rejoindre des mauvais thermiques
sur les collines qui se réchauffent doucement au sud de la vallée
de Goulmima. Je me traîne péniblement à 1500 puis 2500
m entre les grains ou restes de Cb jusqu'à une confluence 15 km
plein sud de Boumalne, qui me remonte à 4700 m !
Dans l’onde du Toubkal
Je me rapproche de l’Atlas qui semble plus dégagé maintenant,
au nord d’OZZ je prend un thermique à peine un peu turbulent sur
les faces sud, le plafond n’est plus ici qu’à 3500 m ; je m’avance
au nord-ouest du cumulus (on ne sait jamais...) et soudain c’est le laminaire,
je repasse 4000 avec 5 à 6 m/s, il y a 60 km/h du 300° à
330°, il est tard (17h30) mais sur plus de 150 km le ressaut est quasi
continu, avec des plages de 6 à 7 m/s en ligne droite, entre 4000
et 6000 m ; arrivé à l’ouest du Toubkal, à 130 km
du terrain, il est 18h40 et le contrôleur m’appelle, un soupçon
d’inquiétude dans sa voix, me rappelant que le soleil se couche
à 19h20. Je lui réponds que j’estime le terrain à
19h20 (en comptant un retour à 200 km/h !) donc pas de problème...
sauf que le ressaut sur lequel je compte, bien balisé par un trou
de fœhn, ne me donne que 1 à 2 m/s !
Je ne suis qu’à 4000 m et il me faut remonter rapidement pour
rejoindre le Toubkal sans tomber en sous-ondulatoire. Je me dis que le
moteur ne me serait que d’un faible secours, les 130 km/h qu’il m’accorde
en croisière seraient bien insuffisants pour rentrer avant la nuit.
Heureusement, en me décalant d’un ressaut, au sud de la crête
principale, je retrouve un bon 3 m/s jusqu'à 5000 m, je suis le
ressaut jusqu’au km 70 et cap vers le terrain, à plus de 300 km/h
sol... Je m’annonce en vent arrière à l’heure dite, mais
orbite un peu pour laisser l’avion du soir en longue finale sur l’ILS se
poser. Aussitôt après l’atterrissage le contrôleur m’appelle
(va-t-il me reprocher ce retour tardif ?) : « Delta Fox, vous
êtes un professionnel » ! Je le remercie pour sa coopération
amicale. Je m’extirpe du planeur les pieds gelés (décidément
il fait froid dans ce pays, qui l’eût cru ?) et après 980
km.
Jeudi 25 : décollage tardif (13h15), barbules à 4500
m sur les crêtes, je décide d’aller visiter Beni-Mellal, 170
km au nord... où comme prévu je trouve de beaux champs verts,
de l’air moite, des thermiques de 0,5 m/s ne dépassant pas les premières
collines vers 1900 m QNH... je parviens tant bien que mal et au bout d’1h30
pendant lesquelles je n’ai fait que 40 km à rejoindre la vallée
à l’est du lac de Bin-el-Ouidane dans laquelle j’ai repéré
quelques champs et les premières barbules, tout aussi molles et
à peine à la hauteur des crêtes à 2500 m ; de
là le saut vers les gorges qui mènent au Haut-Atlas serait
tout juste possible, il y a de belles falaises et de vrais cumulus dessus,
mais il est très tard, 17h30, et en vol à voile le retour
avant la nuit ne paraît pas guère possible, de plus le coin
est vraiment trop inhospitalier pour s’y aventurer sans reconnaissance
préalable. Aussi je remets le moteur pour repasser du bon côté
de la chaîne... le passage en vol à voile est possible, Claude
Calleja l’a déjà fait, mais il faudrait
s’y prendre plus tôt dans l’après-midi ! Seulement 210 km
aujourd’hui, mais l’expérience fut intéressante...
Vendredi 26 : la masse d’air se réchauffe doucement, départ
sur le relief à 10h20 pour ce qui devient classique : première
branche vers l’est, le long de l’Atlas, virage 30 km à l’E d’Anoual
sous les dernières barbules, après 426 km, retour plus au
sud pour contourner les grains qui se sont formés, retour au point
de départ pour au total 923 km dont un AR libre de 852 km (le record
de France actuel de 648 km est battu...)
Samedi 27 : je m’accorde une journée de repos avant le sprint
final, Stéphane Blondé en Stemme rencontrera des conditions
au moins aussi bonnes, malgré quelques orages, et les cumulus gagnent
la plaine à perte de vue l’après-midi... J’en profite pour
repérer un site possible pour un terrain au pied des pentes, au
nord de Skoura.
Trois jours de rêve… et 3400 km !
Dimanche 28 : j’affiche un triangle FAI de 1080 km avec départ
en milieu de branche vers le NE (Midelt), le SE (Tagounite) et le SW (Tagmoute).
Décollage à 9 h, départ au point repéré
par Yvon à 9h22. Je perds du temps sur les pentes avant d’arriver
à monter, puis rejoins la confluence du matin, sous laquelle se
sont donné rendez-vous tous les moustiques de la région,
j’ai vite les bords d’attaque tout noirs ! Point bas à 3500 m, je
lève les pieds (ici le sol est à 3000 m et tout est pratiquement
plat !) ; le plafond est maintenant à 4500 m mais j’accumule apparemment
tous les mauvais cheminements et les erreurs possibles, je prends le mauvais
coté du Jbel Ayachi à l’aller, le bon au retour mais trop
bas.
Le premier point, trop loin en plaine dans le bleu, m’a fait faire un
détour après lequel je ne remonte que difficilement. J’hésite
à longer les orages au nord ou à prendre des barbules sur
le trait, finalement je me retrouve trop bas pour atteindre le Jbel Sarhro,
je dois rebrousser chemin pour dégager vers la plaine avant de raccrocher
à 1700 m ; vers Zagora la masse d’air devient plus brumeuse, sous
de magnifiques cumulus je ne trouve rien... je continue en zigzagant et
en perdant du temps.
Le deuxième point est quand même atteint, sur le désert
les pompes sont faciles à trouver avec les tourbillons de sable
en bas et de petites barbules en haut, je m’offre même un point bas
à 1 200 m QNH (600 m sol) pour remonter dans du 3 à 4 m/s...
un petit trou bleu est vite passé avant une magnifique rue de nuages
sur l’Anti-Atlas sous laquelle j’erre sans trouver les Vz ni les cheminements
attendus ; point bas à 2300 m après le dernier point, je
me décide à prendre mon mal en patience et à rentrer
prudemment ; malgré un petit grain avant Ouarzazate, le point de
départ est à nouveau atteint à 3900 m peu avant 19
h, le record de distance en triangle est bouclé (à 113,6
km /h), mais j’ai le sentiment d’avoir rarement aussi mal volé :
peut mieux faire !
Lundi 29 : pour changer, un aller-retour de 1000 km vers Tendrara.
Décollage à 8h45, 5 mn après la première barbule
apparaît sur le M’Goun ! Point de départ à 9 h, les
conditions sont similaires à la veille, mais je tire profit des
erreurs passées et ça marche mieux. A 11h30 j’ai parcouru
près de 350 km, mais c’est tout bleu devant... je m’avance cependant
encore un peu, les barbules se forment juste devant moi à mesure
que j’avance... au km 420 cependant elles d’arrêtent pour de bon,
tant pis pour l’aller-retour, continuons en libre.
Je vire au col de Feja Kbira et revient en direction de l’Atlas
sous 3/8 de cumulus bien développés maintenant, sur une bande
de 10 km de large dans le prolongement de la chaîne. Sur le Jbel
Ayachi l’orage est déjà là, ça chemine bien
en bordure sud mais assez vite il faut zigzaguer pour éviter des
rideaux de pluie. J’arrive sans doute une ½ heure trop tard. A l’ouest
des gorges du Dadès il n’y a plus de grains, une confluence bien
marquée sur les crêtes mais sans varios exceptionnels donne
4500 m au nord, 5500 m au sud ; sur la plaine 4/8 à 5000 m, avec
5m /s sous chaque Cu ; la confluence de l’Anti-Atlas est là mais
il y a un rideau de neige tout le long sous sa base, le sable soulevé
rend le tout très brumeux et peu engageant. Je poursuis plus au
nord sous des cumulus isolés, vire au km 150, et finalement suis
obligé de revenir plus au sud à 2300 m sous la confluence
qui n’est pas si mauvaise...
Vers le terrain il y a des averses un peu partout, à l’est c’est
tout noir ; dommage car il me reste du temps et je comptais bien faire
mon troisième point de virage le plus loin possible par là
; je poursuis sur la pointe des pieds jusqu'à une cinquantaine de
km à l’est ou je vire à 4500 m, puis remets le cap vers Ouarzazate
; il est plus de 19h05, le soleil est presque couché, cependant
sous la rue qui comme souvent persiste au sud du lac, je reprend 600 m
dans un bon 4 m/s à qui me permet d’aller clôturer le circuit
au km 47 à l’ouest à 19h25, encore à 3500 m, alors
que le soleil disparaît derrière l’Atlas... et suis posé
moins de 15 mn après. Au bilan 1292 km en distance libre (3 points
de virage) à 124 km/h, 1344 km si on y rajoute la dernière
branche, et 10h55 de vol.
Vols DF
date durée km km/h Plafond |
12-mai 06:34 793 123 4800 m
13-mai 05:40 567 101 4400 m
14-mai 06:32 729 113 5900 m
15-mai 09:15 1019 115 4800 m
16-mai pas de vol
17-mai 08:59 869 100 5000 m
18-mai pas de vol
19-mai pas volable
20-mai pas volable
21-mai pas de vol
22-mai 07:51 836 109 5200 m
23-mai 08:04 861 110 4200 m
24-mai 09:52 980 102 6300 m
25-mai 05:39 210 50 4400 m
26-mai 09:19 923 102 4400 m
27-mai pas de vol
28-mai 10:03 1080 114 4700 m
29-mai 10:55 1344 127 5400 m
30-mai 08:34 1002 133 5200 m |
Mardi 30 mai : c’est le dernier jour de vol. Comme il se doit je
prévois un petit circuit, histoire de ne pas rentrer trop tard...
ce sera un 1002 km en triangle FAI, le plus plat possible, la première
branche faisant 450 km pour constituer aussi un aller-retour de 900 km
: Matarka (au NE), Merzouga (les célèbres dunes de sable
au Sud d’Er Rachidia) et retour. Je pars plus tard et plus haut pour essayer
de soigner la vitesse moyenne : décollage à 10 h, mais je
rate la première pompe et reviens prendre le départ à
10h47 à 3600 m. C’est sans doute un peu trop tard : les Vz sont
bonnes mais les cheminements moins bons, les cumulus ne sont plus alignés
selon l’axe de la chaîne mais nord/sud, et les grains se développent
déjà. Mais j’ai pris beaucoup moins de moucherons que les
deux derniers jours, ils doivent s’être déjà noyés...
La moyenne s’établit à 144 km/h, sans vent significatif,
et le premier point est atteint à 13h53 sous de gros congestus isolés,
qui au retour se sont transformés en front d’orage impressionnant
; le suivre fait faire un détour mais c’est rentable et de toute
façon nécessaire pour éviter la frontière.
Sur la plaine, à mi chemin entre Er Rachidia et Boudnib, je retrouve
3/8 de gros cumulus bourgeonnants mais isolés, 4 à 5 m/s
et 4700 m de plafond. Quelques grains se forment cependant dont un juste
avant le deuxième point de virage, qu’il me faudra contourner ;
j’hésite un moment, car le retour ne s’annonce pas des plus faciles
et il ne s’agit pas de perdre trop de temps pour rentrer au bercail avant
la nuit sans risquer de devoir me dérouter sur Zagora... Mais je
refais un bon plafond 30 km avant Merzouga ce qui me permet de virer et
de raccrocher sans trop de problème. Il est 15h49, la moyenne est
toujours de 143 km/h...
De gros Cu-nimbs sont maintenant sur les djebels Ougnat et Sarhro et
la route du retour est à l’ombre (le soleil est au à l’W-NW)
; il me faut cheminer plus au sud, où il y a encore un peu de soleil,
mais les Vz faiblissent, et je tombe à 1700 m. A 120 km du terrain
ça devient tout noir, et une ligne de grains continue semble barrer
inexorablement la route, mais j’aperçois le lac d’Ouarzazate qui
brille à contre-jour sous le rideau de neige et de pluie. Je m’en
approche avec précaution, je suis remonté à 5200 m,
mais ici ça tombe vite parfois... J’ai perdu tout espoir de tourner
le circuit (il me faut retourner au point de départ, 35 km au nord
du terrain, moins de 1000 m en-dessous de l’altitude de départ,
soit 2600 m QNH).
En visant l’endroit le plus clair, je commence à rencontrer la
neige, en petits grains puis en gros flocons. Surprise, ça zérote
avec même du positif de temps en temps... la visi est réduite
mais on voit toujours le sol. Finalement je retrouve un 2m/s providentiel
qui va me permettre de boucler le circuit, même si j’ai perdu du
temps... J’ai du rab, pousse sur le manche... et soudain alors que je suis
tranquillement en ciel clair, à 4000 m, c’est la " méga-dégueulante"
: - 9 m/s ! Je perds 1000 m d’un coup, pour un peu je vais rater l’arrivée
! Finalement il me restera 300 m de marge, à 18h17, je sui dans
le secteur du point d’arrivée à 3000 m, le circuit est donc
bouclé en 7h30 soit 133,1 km/h ; malgré la dernière
branche à 112 km/h de moyenne seulement, le record de vitesse sur
1000 km est dépassé (de 0,5 km/h) et la passe de 3 «
mille bornes » en trois jours, réussie ! Il n’est que 18h30,
je me pose pour la dernière fois cette année, mais - inch
Allah - je reviendrai!
Denis FLAMENT
Au bilan de ces trois derniers jours, 4 records de France :
· Distance sur triangle 1079,95 km
· Distance libre 1292,12 km
· Distance sur aller-retour 899,06 km
· Distance sur aller-retour libre 899,06 km
Le 30/05/2000 a été également réalisé
une performance de vitesse sur triangle de 1000 km de 133,10 km /h, qui
surpasse de 0,4 km/h le record en vigueur (qui était de 132,79 km/h)
mais ne peut ëtre homologué, car un écart de 2 km/h
est nécessaire...
et sur 19 jours de présence : 17 jours volables et (vol du
25 mai mis à part) : 100 h et 11 000 km en 12 vols !
la suite ...